Archive for avril, 2012

30 avril 2012

AJARO MAÎTRE COQ de Laure Tauriac

Laure Tauriac, vainqueur du mois d’Avril 2012

 

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Qu’est-ce qu’il raconte maître Coq qui vous accroche

Et vous carotte avec ses galantes approches ?

Il vous crache sa mauvaise publicité,

Le grand air n’est pas gage de qualité.

En vérité sa vanité est aussi vaine

Que celle du paon qui se cambre comme un coquet

Et qui vous racole sans se donner trop de peine.

Il faudrait que quelqu’un lui rabatte son caquet.

***

Le savoir de maître Coq c’est de faire mijoter

Faire fondre la poulette, lui faire tout miroiter

Pour qu’elle passe à la casserole

Pour ensuite la rendre folle.

On repère le fat à ses horaires inversés,

Son cocorico du soir ça vous fait glousser,

A l’aube vous ne saurez pas où le coq est passé.

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Ce coquin collecte les conquêtes à la pelle,

Les fait craquer puis s’en va quand leurs cœurs craquèlent.

Qu’est ce que vous vous croyez ? Que vous allez le plumer,

Le prendre dans vos filets, le ranger, le calmer ?

Mais maître Coq ne se laisse pas ficeler,

Ce n’est qu’un dur-à-cuire qui préfère filer.

Fier peut être celui qui traverse les âges

Avec la même cocotte à l’inverse du volage.

Ça fait bien d’être vue avec ce beau gosse,

Mais vous vous cognerez à un os.

Vous aurez beau traiter la coqueluche

Comme un coq en pâte vous serez sa cruche.

Le coq qui aime trop la cuisse

Se rappelle qu’il a des ailes

Pour fuir loin de toutes celles

Qui veulent être élues sa miss.

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Une fois qu’il vous a mis en cloque

Maître Coq n’a plus rien dans le froc.

Facile de semer sa graine aux quatre vents,

Fier peut être celui qui assume en élevant

Ses poussins et qui saura vous aimer

Comme vous êtes et comme vous serez :

Enceinte et nauséeuse

Chauve et cancéreuse

Vieille et toute fripée, à l’épreuve du temps

Alors que maître Coq ne tiendra pas longtemps.

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Maître Coq en met plein les yeux, il décrète

Que c’est lui le plus virile, on le voit pour le show

Mais devant le devoir il garde ses plumes au chaud.

Ce qu’il fait de mieux c’est quand il sort sa … crête !!!

Donc pour éviter la déception, choisissez

Que de la bonne volaille labellisée 3C

Qui en dans le cœur dans les couilles et dans le crâne

Si vous ne voulez pas passer du coq à l’âne.

Laure Tauriac, Dugny

27 avril 2012

A DIX-NEUF PRINTEMPS d’Aimé Nouma

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A dix-neuf printemps, squatter chez mes parents,

Faire le fils à ma maman me semblait indigne de mon talent

De moi , je voulais me sentir fier

mais ne savais ni quoi, ni comment faire.

j’avais bien sûr, bon pied , bon œil

et aussi surtout beaucoup trop d’orgueil

et j’en avais marre de cette peau,je voulais du neuf du nouveau,

Je voulais savoir ce je vaux, je voulais connaître mon niveau,.

Et à défaut de changer de peau, restait à changer de lieu,

Quitter mes vieux, quitter ma banlieue, mes amis d’enfance

Mes potes de l’adolescence, l’oisiveté, le vide

intérieur, le vice  et l’absence

Pour les bruits, les rires, les lumières de la ville,

L’allure chic des filles, leur sex-appeal

qui me faisait les yeux comme des billes.

J’avais même concédé à changer mon style,

tellement j’étais à fond décidé à monter en ville.

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A dix-neuf printemps, squatter chez mes parents,

faire le fils à ma maman me semblait indigne de mon talent

 De moi, je voulais me sentir fier

mais ne savais ni quoi, ni comment faire

j’avais bien sûr bon pied, bon œil

et aussi surtout beaucoup trop d’orgueil

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Sans filet, sans me défiler et sans un flèche

Sans savoir où je m’étais paumé, je partais à ma recherche.

Malin comme j’étais, je me débrouillerais comme un grand

Survivre autrement au lieu de se crever honnêtement

Comme le faisaient mes parents depuis si longtemps.

et vive les magouilles,la débrouille,les embrouilles,

et aussi la trouille et souvent le ventre qui gargouille.

***

J’ai embrassé tout ça à tour de bras !

Mais je n’étais certainement pas doué pour ça:

Car il y a bien eu des hauts mais surtout des bas.

Débat: entre Moi et Moi        ! ! ! ! ! !

Faire des trucs que tu n’aimes pas, des trucs que je n’aime pas

des trucs de caïras: Demandes-moi pourquoi ?

Tous les jours pour une misère je risquais la prison

Alors qu’autour de moi je n’avais que contre-exemples à foison

Nager à contre-courant t’amène rarement ou tu prétends

mais pour le comprendre,l’entendre, j’ai bien pris mon temps!

A 19 printemps squatter chez mes parents

faire le fils à ma maman, me semblait indigne de mon talent

De moi, je voulais me sentir fier,

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Dans notre univers quasi tribal de post-ados en rupture sociale

Il était de bon ton de dire: »J’SUIS UN MARGINAL! »:! »

Alors tout ce que punissait le code pénal devenait normal,

Banal, « Même pas mal ! »comme disait ce fier marginal

Qui avait reçu des coups de marteau en rafales

Là où d’autres auraient juste reçus des mandales

Dans une histoire à deux balles : Deux balles !

je me rappelle de lui me filant un « Pascal »

Un soir où il avait touché de l’argent je ne sais en quoi faisant

Et partant acheter de l’héro , de la coke et de l’afghan.

Je me souviens aussi l’avoir rencontré au petit matin

Malade comme un chien, sans plus le moindre  fifrelin

Disant: »Ça ira mieux demain! »

Mais ses lendemains ont déchanté, son âme torturée

N’a pu supporter, de ne pas être acquittée,pour un crime de sang

Alors plutôt que de prendre  vingt ans d’emprisonnement.

volontairement, il a mit fin à ses tourments.

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A 19 printemps, squatter chez mes parents

faire le fils à ma maman me semblait indigne de mon talent

 De moi, je voulais me sentir fier

mais ne savais ni quoi, ni comment faire,

j’avais bien sûr bon pied, bon œil

et aussi surtout beaucoup trop d’orgueil

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Moi, je n’étais pas très chaud pour l’auto-destruction

J’avais mes principes: » Hola !  Attention! »

Mais en bon adepte de l’auto-punition

je recherchais l’aventure, le risque, le frisson.

J’ai eu deux associés , deux gars avec qui bourlinguer

Se la raconter, galérer, se la péter, galérer et  intriguer:

Un, au visage d’ange,au vice et à l’intelligence étranges

Qui à douze ans avait revendu un faux ticket  de PMU gagnant

A un voyou confirmé de trente ans et qui passait son temps

En estanquant gentils, méchants ,ennemis et soi-disants amis.

On s’est séparés quand l’héroïne a joué le premier rôle dans sa vie.

L’autre moitié Feuj moitié Beur mais qui n’avait pas tout son cœur,

Qui avait entendu dire que j’étais braqueur et croyait faire son beurre

M’a finalement dit: »Toi, à quarante ans tu seras clochard ! »

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Un moment j’y ai cru à son histoire.

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A 19 printemps, squatter chez mes parents

faire le fils à ma maman me semblait indigne de mon talent

De moi , je voulais me sentir fier

mais ne savais ni quoi, ni comment faire

j’avais bien sûr bon pied, bon œil

et aussi surtout beaucoup trop d’orgueil

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Depuis, un siècle ,un millénaire ont passés.

Calendriers, calendes oubliées

Moi, j’ai fais l’effort de me redresser

et après quelques répétitions

j’ai finalement retenu la leçon

et j’ai retrouvé au fond de moi ,une petite voix

qui me dit

“Aimé , écoutes-moi, quand tu marches droit , je suis fier de toi! »

« Aimé,écoutes-les , quand tu marches droit, ils sont fiers de toi !”

“Aimé, écoutes-toi, quand tu marches droit , tu es fier de toi !”

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Aimé NOUMA, Le Raincy

3 avril 2012

Règlement du concours

DES VERS SUR LE BITUME

En ce début de mois d’Avril, nous lançons notre premier concours de poésies dédié aux habitants du 93.

Désormais, tous les mois, nous remettrons un chèque de 100€ à celui qui aura rédigé le texte le plus intéressant sur un thème imposé.

Notre volonté est de mettre en avant les qualités stylistiques de rappeur ou de slameur, de poète, des jeunes de banlieues et de leur permettre d’exister par les mots, par l’écriture.

La rime commande

Pour la circonstance et pour être parfaitement clair dans nos attentes, nous paraphraserons Ford : tous les textes sont éligibles, pourvu qu’ils soient des vers !

Des vers sur le bitume est une idée de ClaireYvesAndré, société de partage scolaire en Seine Saint-Denis.

ClaireYvesAndré, créateur du partage scolaire

Règlement du concours


Article 1 : Ce concours est ouvert à partir 2 Avril 2012. Les participants devront poster leur texte avant le 30 Avril 2012 à 24h, par mail (contact[at]papapedago[point]com)

Article 2 : 1 seul poème ou texte par candidat

Article 3 : Ce concours est ouvert à toutes et à tous, à partir de 10 ans. Les textes devront être écrits en langue française, uniquement.

Article 4 : Chaque texte vainqueur sera publié sur papapedago.com, rubrique En Banlieue, avec le nom ou le pseudo de son auteur, son âge, sa photo ou son avatar et sa ville de résidence (verssurlebitume.fr est en cours de développement). Les autres textes seront publiés sur verssurlebitume.wordpress.com

Article 5 : La longueur maximale est d’une cinquantaine de vers

Article 6 : Les poèmes devront obligatoirement porter un titre et demeurent modifiables jusqu’à la dernière minute avant la clôture des candidatures (fin du mois à 00h00)

Article 7 : Les textes pourront être envoyés sous WORD, OPEN OFFICE

Article 8 : Le plagiat est strictement proscrit et donc, toute citation ou emprunt doit être relevé en dessous du texte pour respecter les auteurs originaux

Article 9 : Le jury est composé de l’équipe de la société ClaireYvesAndré pour l’instant. Sa constitution peut être emmenée à évoluer dans le futur.

Article 10 : Le concours est doté d’un seul prix chaque mois. Le vainqueur aura son texte mis en avant sur notre site papapedago.com et seront sélectionnés d’office au concours annuel que nous organiserons avec un prix plus important chaque fin d’année. Ils peuvent aussi accepter de se présenter et de présenter leur travail créatif dans une vidéo enregistrée par l’organisateur. Cette vidéo sera jointe au texte publié.

contact[at]papapedago[point]com

A vos plumes et que le meilleur gagne !